Alors que les résultats tant promis du Brexit se font encore attendre, le gouvernement britannique tente tant bien que mal de signer des accords de libre-échange avec ses partenaires internationaux. Mais ce n’est pas une mince affaire.
“Nous allons faire grandir l’économie” (“we will grow the economy”) a promis Rishi Sunak à son arrivée au poste de Premier ministre en octobre 2022. Quels sont donc les résultats un an et demi plus tard ? Eh bien, l’inflation est passée de 11% en 2023 à 4% au second trimestre de cette année, ce qui représente un progrès non-négligeable pour le Premier ministre Rishi Sunak et son chancelier Jeremy Hunt.
Le plein emploi est par ailleurs toujours assuré, contrairement à bien d’autres pays européens, à commencer par la France.
En revanche, les traités de libre-échange, en négociation ou en renégociation depuis 2020, prennent plus de temps à aboutir, sans grande surprise à vrai dire.
En Inde, Modi joue la montre
Un des grands espoirs de traité de libre-échange, c’est celui avec l’Inde. Un traité signé avec cette puissance économique de 1,4 milliards d’habitants permettrait sans aucun doute d’accroître de manière non-négligeable les échanges économiques entre les deux pays.
Mais Narendra Modi pose des conditions difficiles à accepter pour les Tories. Il s’agit en particulier l’augmentation du nombre de visas pour les travailleurs indiens et une meilleure protection sociale. Le problème est que les conservateurs souhaitent à tout prix faire baisser les chiffres de l’immigration légale, qui a atteint le chiffre de 672 000 personnes en juin 2023 et certainement plus d’un million en décembre 2023 – il s’agit d’une projection, les chiffres officiels ne sont pas encore publiés par le Home Office.
Le gouvernement britannique, qui vient d’envoyer une équipe de hauts-fonctionnaires pour négocier une nouvelle fois l’accord de libre-échange avec les Indiens, soupçonne Narendra Modi de jouer la montre. En se montrant inflexible sur la question migratoire, il fait ralentir les négociations et ainsi, met davantage de pression sur Rishi Sunak, à l’approche des élections législatives de Grande-Bretagne, qui pourraient intervenir ou en mai, ou à l’automne.
Par ailleurs, les élections indiennes doivent se tenir d’ici les mois d’avril et de mai. Dès que la campagne officielle sera lancée en Inde, les négociations pour le contrat de libre-échange devront s’interrompre et seront repoussées à l’été.
Narendra Modi espère aussi que si le Labour remporte les prochaines législatives de cette année, il puisse plus facilement imposer ses conditions sur l’immigration à la Grande-Bretagne.
Quatre espoirs de traités pour 2024
Quatre traités de libre-échange sont en négociation à l’heure actuelle, selon le gouvernement britannique, avec la Corée du Sud, la Suisse, Israël et la Conseil de coopération du Golfe (CCG).
La secrétaire d’Etat au commerce extérieur, Kemi Badenoch, a d’ores et déjà confirmé qu’elle était plus optimiste pour la signature d’un accord avec le CCG qu’avec l’Inde d’ici les prochains mois.
La semaine dernière, la ministre a d’ailleurs reçu les ministres au commerce extérieur des six pays de la CCG : le Bahreïn, le Koweit, Oman, le Qatar, l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis (EAU).