À l’occasion du Kashmir Solidarity Day, une réunion publique s’est tenue à l’ambassade du Pakistan à Paris dimanche soir, où l’ambassadeur et les représentants de la communauté pakistanaise ont dénoncé la suppression de l’autonomie du Cachemire par l’Inde.
Un vent d’inquiétude et de colère soufflait chez les représentants de la communauté pakistanaise dimanche soir, à la veille du Cachemire Solidarity Day, quatre ans après l’abrogation de l’article 370 de la constitution indienne par le parlement indien, le 6 août 2019.
L’article 370, qui garantissait l’autonomie du Jammu-et-Cachemire, avait permis d’apaiser un peu les tensions entre le Pakistan et l’Inde jusqu’à maintenant. Mais la décision unilatérale de l’Inde en 2019, approuvé par la Cour suprême indienne le 23 décembre 2023, risque de raviver les tensions entre les deux puissances régionales.
En 1990, le Pakistan a instauré le Kashmir Solidarity Day, le 5 févier, à l’occasion duquel ils se mobilisent pour l’auto-détermination du Jammu-et-Cachemire.
L’éternelle dispute
Le Jammu-et-Cachemire, peuplé de 15,6 millions d’habitants et majoritairement musulman (68%), est divisé en deux territoires ethniquement distincts. La vallée et du Cachemire est aujourd’hui musulmane à plus de 95%, tandis que le Jammu comprend 66% d’hindous, des musulmans et des bouddhistes. Ce territoire est incorporé dans l’Inde depuis la fin de la guerre du Cachemire de 1947, tandis que la région du Gilgit-et-Baltistan, au nord, est toujours administrée par le Pakistan. Le Cachemire est donc lui-même partitionné.
Disputé par les deux pays depuis leur prise d’indépendance de l’Empire britannique en 1947, la question de l’administration de la région Cachemire a fait l’objet de deux conflits armés très violents en 1947 et 1999.
« Le droit à l’autodétermination »
La revendication majeure du gouvernement pakistanais est de permettre aux habitants du Jammu-et-Cachemire d’être les maîtres de leur propre destin, via un référendum d’autodétermination recommandé par les Nations unies en 1947. Dans son discours de conclusion du séminaire, l’ambassadeur du Pakistan à Paris, Asim Iftikhar Ahmad a insisté sur ce point : « Nous demeurons fermes dans notre objectif de parvenir à une solution pacifique. Il est crucial que nous obtenions la paix et la stabilité dans notre région » a-t-il débuté. Pour cela, une seule solution est envisageable, « le droit à l’autodétermination du peuple du Cachemire », c’est-à-dire que les habitants puissent décider unilatéralement s’ils souhaitent ou non devenir indiens ou pakistanais. L’on referait le système de la partition de 1947, en plein 21e siècle !
Depuis l’instauration par le gouvernement fédéral d’une administration directe sur le Jammu-et-Cachemire, les Pakistanais dénoncent encore davantage de violations des droits de l’homme, en particulier l’emprisonnement des hommes politiques, la suppression des droits à la liberté de la presse et à la liberté d’expression. Toutefois, la Cour suprême a recommandé dans son arrêt que des élections puissent se tenir d’ici septembre 2024, ce dont on peut douter.
Les comparaisons avec la persécution des habitants des Palestiniens furent nombreuses durant les interventions. Tout comme à Gaza et en Cisjordanie, les populations musulmanes du Cachemire sont persécutées par un État voisin hostile et plus puissant : l’Inde en l’occurrence, qui viole unilatéralement les conventions internationales et les résolutions de l’ONU, en toute impunité, selon cette thèse.
Faire respecter le droit international
L’autre revendication majeure du Pakistan est de faire en sorte que l’Inde respecte les décisions du Conseil de sécurité de l’ONU. « Les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU sont claires depuis le départ : permettre l’auto-détermination des habitants du Cachemire. D’ailleurs, c’est l’Inde elle-même qui a porté cette question auprès de Conseil de Sécurité de l’ONU en 1947 a regretté l’ambassadeur du Pakistan. Aussi bien l’Inde que le Pakistan se sont ensuite engagés à mettre en œuvre ces résolutions. Mais les Indiens sont revenus sur leurs promesses : c’est là qu’est le cœur du problème ! »
Asim Iftikhar Ahmad a tout de même conclu sur une note positive, en soulignant que le Pakistan est « du bon côté de l’histoire, celui du droit international et que les principes ne changeront pas, bien qu’ils soient violés par l’une des parties. »
Désormais, tout l’enjeu est de savoir si l’Inde accordera ou non le droit aux habitants du Jammu-et-Cachemire de tenir des élections libres en septembre, comme exigé par la Cour suprême dans son arrêt du 23 décembre.
L’ambassadeur du Pakistan a également adressé un courrier aux présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale français à ce sujet.