Un mois d’actualités en Israël : le changement tellurique

Cette fin de juillet 2018 en Israël : changements telluriques

180 intellectuels ont signé contre la loi sur la nationalité, encore appelée loi sur l’État-nation, qui sont-ils? Ils ont également signé contre la loi sur sur la gestation par autrui — dite Loi sur la Suprématie — qui exclut les couples homosexuels masculins de la GPA mais la permet pour les lesbiennes. Le cinéaste Amos Oz fait partie des signataires. On verra plus tard ce que représentent ces signataires.

800 personnes à Tel Aviv suivent leçon publique d’ arabe, la plus grande au monde, pour protester contre la loi sur l’État-nation.

Les prisonniers “sécuritaires” palestiniens gaspillent de l’eau délibérément, les autorités israéliennes parlent d’une forme de terrorisme 30 juillet 2018

La révolte druze (voir le drapeau des Druzes, toujours arboré en Israël à côté du drapeau israélien) , Naftali Bennet est avec les Druzes, et regrette certains aspects de cette loi tant désirée par lui, sans pour autant être avec les bédouins ou les musulmans en général. Les Druzes: avec cette loi nous devenons mercenaires, disent plusieurs militaires druzes, dont des officiers, qui viennent de démissionner dans un fracas national.

La énième querelle entre orthodoxes hégémoniques et laïcs: l’accès à la piscine. Des femmes soldates dans une brigade spéciale ont plongé dans la piscine fournie par Tsahal, pour être éjectées par les ultra-orthodoxes. Certains groupes orthodoxes veulent une baignade ségréguée par sexe et par horaire, d’autres non, plusieurs orthodoxes qui se baignaient avec les femmes ont quitté la piscine par solidarité civique. La hiérarchie militaire louvoie, trop contente d’enfin avoir des orthodoxes sous le drapeau, eux qui traditionnellement se trouvent des exemptions à la conscription.

Benjamin Netanyahu est-il un vrai historien ? Comment peut-il dire aux Druzes qu’ils auront privilèges et statut spécial sans que la loi soit changée? L’appartenance des Druzes à la nation israélienne remonte aux origines, et la loi est unanimement décriée chez ces mêmes Druzes. Et comment Benjamin Netanyahu peut-il s’accommoder si facilement de la loi polonaise interdisant la mention “Camps de concentration polonais” (voir lettre ouverte entre Netanyahu et son homologue polonais Mateusz Morawiecki)?

 

Jason Greenblatt, le négociateur mandaté par Trump pour le dossier israélo-palestinien: que négocie-t-il? De temps à autre l’on entend son nom.

(drapeau du Hamas)

Dans le dossier des cerfs-volants incendiaires, 1200 incendies sur le territoire israélien pur (c’est-à-dire des frontières 1949-1967), le gouvernement israélien émet plusieurs menaces contre Hamas, et y ajoute l’incitation aux Gazaouis de se révolter contre Hamas. Or, il me semble que si des Gazaouis que j’ai pu rencontrer n’approuvent pas du Hamas, ils n’ont pas pour autant envie de suivre les recommandations israéliennes.

Le programme spatial israélien –mais qu’est-ce que c’est ? Pourquoi Nasa puis Google lâchent le projet de poser une capsule sur la lune, capable de franchir 500 mètres et transmettre des vidéos de haute définition?

LGBT: gay pride, Jérusalem, drapeaux arc-en-ciel 🌈 trop nombreux près de synagogues, chacun garde le souvenir d’un participant de gay pride assassiné par un ultra-oethodoxe il y a deux ans.
HH

Les gouvernements persécutent les défenseurs des droits de l’homme, ou comment être d’accord avec Zeid Ra’ad Al Hussein, Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.

Je cite sa lettre ouverte du 11 septembre 2017, qui ovre la session des droits de l’homme :

http://www.ohchr.org/FR/NewsEvents/Pages/Media.aspx?IsMediaPageFR=true&LangID=F

“The actions of violent extremists cannot totally obliterate our world. Only governments can do that – and this is the greater tragedy of today. Left on their current course, it will be governments who will break humanity. Terrorists may attack us, but the intellectual authors of those crimes will then often sit back and watch as governments peel away at human rights protections; watch, as our societies gradually unravel, with many setting course toward authoritarianism and oppression…

does it not occur to the many Governments who engage in intimidation and bullying, and commit reprisals against human rights defenders and NGOs which work with the UN human rights mechanisms – do they not realise that this only confirms to us, and to the world, how much oppression and injustice they exercise in their own countries?”

Ce diplomate jordanien continue une longue lettre de dénonciations. Le gouvernement de Birmanie qui persécute les Rohingyas, le gouvernement du Burundi qui lance les Imbonerakure et l’armée contre les civils (dans un rappel évident au génocide Rwanda d’il y a

23 ans, avec ses milices Interahamwe).

Et puis sur RFI ce matin, j’entends que le gouvernement du Zimbabwe se financerait surles diamants de contrebande pour financer les services secrets.

Et puis j’ajouterai, pour bien pourrir la fête, qu’au Cambodge, le pouvoir de Hun Sen ne subit aucun revers judiciaire, ni même diplomatique, alors que l’opposition classique est accusée judiciairement d’une foultitude de délits financiers d’une créativité perverse. Au Vietnam n’existe même pas l’ombre d’une opposition constituée en opposition d’alternance. Passons sur les autres États à parti unique, et négligeons les partis faire-valoir du genre Kuomintang révolutionnaire de Chine populaire. En Afrique noire, la situation est inégale mais l’on signale qu’au Sénégal, au Bénin, au Niger, au burkina Faso, au Ghana, au Nigéria, et j’en passe, le fonctionnement démocratique est somme toute réelle, malgré la pauvreté endémique. Au Togo, dans les deux Congo, au Gabon, des dynasties familiales sont bien enracinées. En Guinée Équatoriale, et au Cameroun, le volet familial est particulièrement fort. En Angola, c’est plutôt le parti qui s’autoperpétue. En Afrique du Sud, l’ANC prend parfois des allures hégémoniques, quoique la possibilité d’une alternance démocratique soit forte. Si l’Afrique du Sud virait à la situation zimbabwéenne, alors la démocratie en Afrique serait peu de chose.

En Asie centrale, l’hégémonisme familialo-partidaire se porte à merveille: Azerbaïdjan, Turkmenistan, Ouzbekistan, Kazakhstan, Tadjikistan, voilà bien des régions où aucun citoyen ne brandit une pancarte antigouvernementale sans la certitude d’une matraque et d’une incarcération. En ThaÏlande l’opposition “rouge” (couleur du parti populiste, et non pas du socialisme-marxiste) est semi-illégale, et à Singapour et en Malaisie prévaut un système hybride aux allures britanniques mais qui assure l’hégémonie d’un seul parti. La répression y est surtout une pression judiciaire sur tout opposant ou critique, et à Singapour l’ambiance y est particulièrement néo-confucéenne — qui peut mieux gouverner que le parti au pouvoir qui a l’expérience?

Le Vénézuéla est au bord de l’autocratie à parti unique, mais le parti chaviste n’a pas tout à fait osé franchir le pas. Hussein de l’ONU le rappelle d’ailleurs dans sa lettre de rentrée. Autrement, l’Amérique latine semble avoir reprit goût au pluralisme politique — unique bonne nouvelle.

Ce qui inquiète peut-être le plus: le sentiment rampant dans les démocraties que la démocratie elle-même est une illusion, et que les autocraties, ou la semi-autocratie de type russe, sont des évolutions naturelles voire souhaitables! Avec elles, point de mariage gay, de déferlante musulmane, d’inféodation aux grands intérêts américains.

La démocratie représentative occidentale otanienne européenne et capitalistique a ses défauts, énormes. Cependant, elle est vivable et amendable. Qui en dit autant au Turkmenistan, au Congo-Brazzaville? Dans le premier on ne dit pas, dans le 2e on lee dit mais alors commence une longue peur personnelle.

Bref Hussein a bien fait de tirer la sonnette d’alarme, d’autant plus que sa commission — dont il ne maîtrise pas les équilibres politiques — a autant servi à fustiger les scories relativement petites des démocraties qu’à démolir les excès odieux des autocraties.

HH

Le djihad salafiste est-il bon pour l’indépendance de la Catalogne?

Les attaques en Catalogne ont propulsé la société catalane sous les projecteurs du monde. Parallèlement au drame terroriste se joue une partie d’échecs entre catalanistes et espagnolistes. Pour le gouvernement autonome catalan, comme pour son pendant national espagnol, juguler le terrorisme, et régler l’avenir constitutionnel de la Catalogne, sont des priorités. Les deux instances convergent. Les morts et blessés sont catalans, espagnols hors Catalogne, italiens, portugais, français, allemands, et tant d’autres. Surtout, le lien entre Catalans et Espagnols hors Catalogne est devenu plus évident. Les deux instances gouvernementales ont fonctionné de concert, avec le volet catalan nettement dans le rôle prioritaire.

Vive les Mossos d’Esquadra

Car le gouvernement catalan a impeccablement mené la répression de la cellule terroriste de Younès Abouyaaqoub. La police autonome catalane, Els Mossos d’Esquadra, a été d’une efficacité remarquée. Réminiscence d’un corps né au 18e siècle, les Mossos sont un genre de gendarmerie sur la totalité du territoire de la Généralité de Catalogne. Depuis le milieu des années 2000, la Guardia Civil et la Policía Nacional n’ont plus de présence. Il y a les Mossos d’Esquadra et les polices urbaines, et rien d’autre. Sauf les services secrets espagnols, le CNI, Centro Nacional de Inteligencia. Plus tard dans le processus, la justice, qui elle reste totalement espagnole nationale et unitaire, prendra le relais. Toujours est-il que les Catalans ont une réputation de sérieux, de modestie, et d’entêtement, et voilà que leur police régionale l’a confirmé. Les Mossos ont abattu les terroristes chaque fois que c’était possible. À Cambrils, un seul Mosso abattit quatre terroristes en quelques secondes.

Mariano Rajoy félicite les institutions catalanes

C’était si impressionnant que le premier ministre espagnol Mariano Rajoy a Tweeté ses félicitations aux Mossos. Mais il ne les commande pas. Et Rajoy ne peut souffrir l’idée d’un référendum sur l’indépendance en Catalogne. Pourtant le référendum, légalement contesté par Rajoy et la justice nationale, est programmé pour le 1er octobre. Le président de la Généralité de Catalogne (ainsi s’appelle l’instance subnationale qui exerce les fonctions subnationales en Catalogne, c’est-à-dire que la Generalitat est le nom du quasi-État catalan) Carles Puigdemont veut ce référendum, et veut la séparation d’avec l’Espagne. Pourtant, tout au long du drame de Catalogne, on pouvait lire des Tweets incessants sur la solidarité de tous les Espagnols pour Barcelone. No Tenim Por, le slogan catalan pour “Nous n’avons pas peur”, serait en train de passer dans le langage de toute l’Espagne. Le roi Felipe VI lui-même à dit que toute l’Espagne est la Catalogne.

Ni le roi, ni le premier ministre espagnol, n’ont omis de se montrer à Barcelone. Puigdemont a eu l’élégance de les y accueillir, et de se tenir à leurs côtés pour les minutes de silence, et pour une réunion formelle de sécurité avec Rajoy. Ce même Puigdemont accorde des interviews à la radio nationale espagnole, en castillan. Il a même critiqué les ultra-nationalistes catalans de vouloir boycotté certaines cérémonies pan-espagnoles.

Des Catalans efficaces, mais assimilés à des Espagnols par le monde extérieur

C’est comme si le djihadisme avait rappelé aux gens les plus raisonnables de Catalogne que pour les terroristes, la Catalogne, l’Espagne, la France, la Belgique, l’Angleterre, l’Allemagne, ne font qu’un. Le mythe des Catalans antimilitaristes, distants des guerres néocoloniales et néo-impérialistes, partisans du dialogue partout, a pris un sérieux coup. La Catalogne est la région ayant accueilli le plus haut pourcentage d’immigrés maghrébins comparé aux autres régions d’Espagne où les Sud-Américains sont plus nombreux. Les djihadistes ont frappé l’Espagne, non pas la Catalogne. Le monde extérieur, des États-Unis à la Chine, place Barcelone en Espagne.

Et les Espagnols raisonnables hors Catalogne ont sans doute réfléchi au fait que les Catalans étaient de dignes compatriotes qu’il fallait flatter un minimum pour éviter le divorce. Les Catalans de tout poil veulent le droit d’avoir un référendum; nombre de Catalans veulent un référendum, que Rajoy le veuille ou non, afin de voter éventuellement contre l’indépendance! La nouveauté actuelle réside dans l’attraction immense que les Espagnols ont démontré à leurs compatriotes de Catalogne. Il y aurait de quoi refroidir quelques ardeurs indépendantistes.