L’OTAN reste défensive au-delà du raisonnable

L’on dira un jour que la guerre russo-ukrainienne a pris l’OTAN de court. Structurée comme une organisation militaire défensive, assise sur une coopération intergouvernementale entre parlementaires et dirigeants politiques, elle n’était pas prête à un affrontement frontal avec les Forces Armées Russes. L’OTAN donne l’impression de n’être utilisable que dans le cas d’une confrontation massive entre la Fédération de Russie et ses alliés. Un exercice de très grande ampleur a lieu dans la Mer Arctique, appelé « Cold Response », au large de la Norvège.

  • Lisons la description officielle : en français:

Prévu de longue date, cet exercice de défense illustre la capacité de l’OTAN à répondre de manière décisive à toute menace, d’où qu’elle vienne. Il fait intervenir quelque 30 000 soldats de 27 pays, dont la Finlande et la Suède, proches partenaires de l’Alliance, de même qu’environ 220 aéronefs et plus de 50 navires.

  •  WHO: Around 30,000 troops from over 25 countries from Europe and North America
  • WHAT: Training together in cold weather exercises – on land, in the air and at sea
  • WHERE: NATO Ally Norway and surrounding seas
  • WHEN: March-April 2022
  • WHY: Helping Allies and partners practise working together so that they are prepared for any situation

Cold Response 2022 is a long-planned and regular exercise, which Norway hosts biannually. This year’s exercise was announced over eight months ago. It is not linked to Russia’s unprovoked and unjustified invasion of Ukraine, which NATO is responding to with preventive, proportionate and non-escalatory measures.

https://www.nato.int/cps/en/natohq/news_192351.htm

Cocasse passage ci-dessus: Cet exercice n’est pas lié à l’invasion injustifiée et non-provoquée de l’Ukraine par la Russie, l’OTAN y réagit avec des mesures préventives, proportionnées et non-escaladantes.

Décidément, l’approche défensive, qui est la même chose que l’évitement d’une escalade, est tenace.

Il faudra repenser cette doctrine, si l’OTAN veut continuer d’exister et de rassurer. L’ex commandant suprême de l’OTAN, le général Wesley Clark, qui dit sur CNN : l’OTAN laisse Poutine définir les seuils de l’escalade, c’est très néfaste.

Ukraine: le scénario kremlinien de l’agression menée le gouvernement de Kiev pour s’accaparer le Donbas séparatiste

C’est ainsi qu’une nouvelle grande guerre pourrait commencer par une vieille petite guerre. Le Donbas, ou plus exactement la moitié de deux oblast de la République d’Ukraine: celle de Lugansk, et celle de Donetsk. J’utilise ici les dénominations en russe pour ces deux villes capitales des deux oblasts, mais j’utilise la transcription de Donbas avec un seul “s” eu non deux “ss”, graphie de langue ukrainienne. Cette difficulté est d’ailleurs typique de la confusion culturelle qui s’est insinuée dans la question nationale ukrainienne. La crise actuelle peut ressembler à un coup de force de POutine pour maintenir un Etat tampon face à l’OTAN, mais pour les Ukrainiens il s’agit d’un moment de vérité. Sont-ils un peuple annexe, frère, cousin, ressemblant, ou totalement séparé comme les Polonais des Serbes, ou les Macédoniens des Tchèques.

Les uns et les autres ne se battent pas pour la même chose. Le gvt ukrainien se bat, objectivement, pour continuer d’être digne de gouverner. Les milices populaires, levées hâtivement en bataillons de style Home Guard britannique de la Deuxième Guerre Mondiale, s’apprêtent à se battre par fierté paroissiale autant que par patriotisme. Les Donbasiens séparatistes ont-ils un avis? On ne les rencontre qu’épisodiquement au détour d’un article ou d’un reportage aussi décalé que précieux.

Génocide? Perpétré par le gvt ukrainien, et ses milices ultra-nationalistes, contre les Ukrainiens russophones et amoureux de la Grande Russie, voilà ce que Poutine lui-même diffuse comme raison d’intervenir. Pour l’Élysée, ce “génocide” est un mensonge, une provocation pour créer un casus belli. Dans la crise actuelle, absolument aucune trace de massacre, côté Croix Rouge, ou OSCE.

Tout cela nous ramène à la Guerre de Yougoslavie. Les questions ethniques restent des mobiles protéiformes, aux mains de dirigeants diaboliques, comme Slobodan Milosevic. Que le Kremlin utilise ces méthodes, c’est dire l’inertie historique du système politique qu’a installé Poutine. D’autres aussi ont usé de ces procédés, comme en Chine populaire, et les colonisateurs d’autrefois. Régression.

Olaf Scholz n’a pas arraché d’assurances claires de Vladimir Poutine

Une désescalade est dans l’air. Mais reste insuffisamment ancré dans les faits. Depuis que le ministère de la Défense russe a annoncé le retour à leurs bases de certaines unités jusqu’alors massées le long des frontières, les observateurs se décrispent. Les chancelleries sont moins enthousiastes cependant. C’est Vladimir Poutine lui-même qui a précisé la nature de ce retrait, lors de sa conférence de presse conjointe avec Olaf Scholz à Moscou ce mardi 15 février 2022 à 14h GMT.

C’est tellement flagrant que le président russe a pu dire que les risques de guerre ne dépendaient pas seulement de lui, mais des « partenaires » occidentaux aussi. En clair, aux Occidentaux de faire le nécessaire pour que cela n’arrive pas, et donc en creux, si cela arrivait ce serait de notre faute !

Olaf Scholz a eu un brin d’ironie en présence de V. Poutine. Un journaliste lui a demandé ce qui pourrait se passer à moyen ou long terme, et il a répondu : « je l’ignore, est-ce que serai encore chancelier, et est-ce que Monsieur Poutine sera encore président ? »

Le chancelier allemand Olaf Scholz est entré dans le ballet diplomatique

Olaf Scholz a exigé le retrait des troupes russes en Biélorussie, et la fin des manœuvres militaires menaçantes partout autour de l’Ukraine. C’est ce que les Occidentaux appellent la désescalade. Si Poutine lançait une attaque, alors les sanctions lourdes et immédiates suivraient.

Mais lui, chancelier allemand, ne pouvait promettre de vendre des armes allemandes à l’Ukraine. Il en est empêché par la loi allemande, mais il verra ce qui pourrait être fait. En attendant il débloque en tout 300M€ d’aide gouvernementale envers l’Ukraine. Un chemin dipomatique se dessine néanmoins. Lui comme Volodymyr Zelensky, président ukrainien, ont dit que la question de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, la vraie pomme de discorde de cette crise, pourrait être mise entre parenthèses quelques temps.

Côté Moscou, le Ministre des Affaires Étrangères Sergei Lavrov a conseillé, publiquement, à Poutine de poursuivre la voie diplo. Et si Washington et Londres estiment que l’armée russe est prête à une invasion, ils ne vont pas jusqu’à garantir que la guerre aura lieu.

Dernier point : des contacts entre le gouvernement du BELARUS et de l’UKRAINE sont en cours au niveau des ministère respectifs de la défense. Une hirondelle ne fait pas le printemps, mais c’est quelque chose.

Un ballet diplomatique pour l’Ukraine, mais V. Poutine fait plus que danser

Il revenait à Emmanuel Macron de faire la grande liaison entre Vladimir Poutine, Joe Biden, et Volodomyr Zelensky. La mission était aussi colossale que nécessaire. Sonder le maître du Kremlin, le président ex-humoriste ukrainien, et maintenir le soutien allemand à une posture musclée, c’était difficile. Entièrement faisable cependant, car personne nulle part ne préconise d’autre solution que diplomatique. Presque personne, car des extrémistes à Moscou appellent à la prise militaire de diverses parties de l’Ukraine, parfois comprenant Kiev-même.

L’on pourrait se demander si la diplomatie de la navette permanente, des coups de fil incessants dans diverses permutations entre dirigeants. Biden – Scholz, Biden – Macron, Poutine – Macron, Zelensky – Macron, Boris Johnson – Zelensky, etc. Est-ce que tout cela est une simple agitation, un ajout à la campagne électorale française? Je ne crois pas. La présidence française de l’UE était décidée bien avant la crise russo-ukrainienne. Le successeur de Merkel, Olaf Scholz, n’est pas encore très imposant sur la scène internationale. Biden n’a pas énormément à gagner dans cette affaire, et il n’est pas certain qu’il soit assoiffé d’une revanche sur le destin après la débâcle — mais pouvait-il en être autrement? — en Afghanistan. 

Ce serait une erreur de lire des influences trop triviales dans ce dossier. Quatorze mille personnes, plus de la moitié des militaires, sont mortes dans le Donbas! Le régime poutinien sait envahir: Abkhazie, Ossétie du Sud, Crimée, Donbas. 

Ce qui se passe aujourd’hui mardi 1er février 2022 dans le monde

• Blinken va parler à Lavrov tout à l’heure, hier soir Macron et Poutine au téléphone pour dire que le processus de Minsk en format NOrmandie ( ie France Allem Russie Ukraine) peut continuer (et donc pas de guerre pour l’instant); hier soir échanges houleux au Conseil de Sécurité ONU. Horaire à déterminer
• Nouvel an chinois pour 2 mds de personnes, sur fond de semi-restrictions en Chine. Les deux dernières années, les mouvements étaient interdits pendant cette fête familiale en Chine, mais est-ce que ça va mieux, alors que commencent les JO presque sans public?
• Première année de la junte militaire en Birmanie. Grève des absences et du silence, ce que la junte tente de réprimer, lamentablement.
• Viktor Orban fait cavalier seul, voit POutine à Moscou parler approvisionnement de gaz, et tant pis pour le front uni européen et pour l’Ukraine. La Hongrie, toujours réfractaire?
 • Mali: suite de brouille Paris-Bamako, quel avenir pour les troupes françaises et européennes au Sahel? Légère embellie au Burkina Faso, la junte moins anti-française 

Le Belarus est un état terroriste, estime un de ses diplomates transfuges

L’opposition biélorusse s’est retrouvée très nombreuse pendant quatre jours, la deuxième semaine de septembre, dans un coin montagneux de Pologne occidentale, Karpacz. L’occasion était l’Economic Forum annuel, genre de Davos polonais lancé en 2008. Le conseil de coordination de l’opposition est venu de Varsovie, de Vilnius et de Kiev. Concentré en ce lieu, sous la houlette de leur “présidente-élue” comme il la désignent, Svetlana Tikhanovskaya. L’ex ambassadeur biélorusse en France, Pavel Latushka, qui joue le rôle informel de ministre des affaires étrangères, a réitéré pour Harold Tribune les points principaux de leur action.


PAVEL LATUSHKA


PAVEL LATUSHKA


En tant qu’ambassadeur en France, il avait beaucoup de mal à expliquer que la Biélorussie n’était pas la Russie, donc il impose la forme Belarus,  “comme à l’ONU”. La société civile biélorusse est detruite, poursuit-il. Aujourd’hui le problème en Belarus est à l’échelle européenne, mais n’avons pas de solution. Lukashenko ne lache pas pouvoir, ce régime transporte des Moyen-Orientaux , et cette opération a commencé même avant la mi août et l’évacuation d’Afghaanistan. Lukashenko se vante de tuer depuis années 90, Victor Gantar (Hantar, selon les transcriptions), qui avait été vice premier ministre, s’opposa à la dérive autocratique, a été tué  et tant d’autres.Tout cela est ignoré par les Européens!
Lukashenko tue dans les rues, bourre ses prisons.L’opposition biélorusse a fait plusieurs propositions : la libération de tous les prisonniers, et non seulement ceux qualifiés de politiques, est un sine qua non pour tout dialogue avec le régime.


L’année dernière nous avons commis une erreur, car dans beaucoup de capitales les gouvernements ont dit que le régime n’était pas légtimie mais cela ne suffit pas! L’oppposition doit obtenir davantage. En effet, la semaine le FMI a accordé un prêt d’ 1 Md USD à la Biélorussie, au titre de l’assistance face à la covid-10 [le régime biélorusse a minimisé à l’extrême la présence de la maladie à Belarus]. Mais Lukashenko  va bourrer des norias d’avions de migrants grâce à cet argent.


L’UE doit prendre décision: dire que nous acceptons un dictateur!Et l’ONU doit avouer que sur 4000 cas tortures Belarus, il y a des procès dans pays environnants, avec Convention internationale Torture, sans aucune condamnation! les conventions ne fonctionnent pas!Et comme il n’y a pas d’état de droit en Belarus , et pas de procureurs indépendants, il faut reconnaître que le Belarus est régime terroriste international , Lukashenko a ordonné des meurtres et détourne des avions, N’est-ce pas un règime terroriste.

J’ai rencontré les représentants  d’Emmanuel Macron et du Quai d’Orsay. Je comprends que la France est davantage axée sur l’Europe du Sud et sur l’Afrique. Mais la France est un pays de grande influence en Europe, et unie à l’Allemagne les deux ensemble peuvent unir tous les Européens, donc nous attendons des pas decisifs. La solidarité c’est bien, mais des actions c’est mieux.Mon programme : délégitimer le régime. Ce régime n’a pas été élu. Si le gouvernement lui-même cesse d’être reconnu, alors politiquement il devient un zéro partout.Il faut le reconnaitre comme un terroriste international, et son régime terrorist. Il assassine, torture, detournement, guerres de migration. Au Belarus avons loi martiale, et le système juridique est écarté. C’est un test pour toute l’Europe, accepteriez-vous que dans centre de l’Europe il y ait une dictature?

J’ai vu lorsque j’étais en poste à Paris la persistance du point de vue russe sur notre cirese. Si seulement le Kremlin avait eu une attitude fraternelle envers le peuple biélorusse. Les choses auraient pu se passer autrement. Au lieu de ça, l’ambassade russe à Paris a écrit que j’étais un nationaliste biélorusse! Concernons les distinctions entre Europe de l’Ouest et de l’Est, et Europe conservatrice et Europe progressiste, nous voulons surpasser les clivages ideologiques européens, donc on ne recherche ni la droite ni la gauche . Ce serait une erreur. Pour nous, les Européens doivent avoir une voix.

Le Qatar devient l’ambassade délocalisée auprès de l’État d’Afghanistan pour les Pays-Bas, l’Allemagne, et le Royaume-Uni

La diplomatie qatarienne avait joué le rôle de médiateur dans le processus de paix entre le gouvernement afghan et les talibans avant la prise du pouvoir le 15 août en Afghanistan par les Talibans. Deux ministres des affaires étrangères, pour l’Allemagne et pour les Pays-Bas, sont venus à Doha pour en parler à leur homologue qatarien. Le Foreign Secretary britannique est passé à Doha, dans le même esprit.

La France quant à elle ne suit pas le mouvement, car pour l’heure l’ambassade fonctionne depuis Paris. Pendant combien de temps encore? La question se pose, je ne vois pas la France faire autrement. Le Qatar a demandé mardi aux talibans de s’engager dans la lutte contre le “terrorisme” et de former un gouvernement “inclusif”.

Pour l’heure, la notion d’inclusivité est floue: l’ancien président Hamid Karzaï, et l’ancien vicre-président Abdullah Abdullah sont en discussion face à face avec les Talibans — comme si Karzaï n’avait pas bâti le régime que les Talibans viennent de combattre! Il faut coopérer avec les talibans, pourvu qu’ils respectent leurs obligations dans ce domaine”, a déclaré à Doha Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani.

Qui va vérifier? L’on pourra en discuter dans un hôtel du Qatar. L’on sait déjà que les Talibans ne prendront pas de femmes au gouvernement. Simple et clair. A-t-on consulté des femmes? Non, car comme les Talibans ne leur permettent pas de se montrer, ou si rarement, là encore c’est si simple.Le Qatar devient l’ambassade délocalisée auprès de l’État d’Afghanistan pour les Pays-Bas, l’Allemagne, et le Royaume-Uni

Le Plan économique américain pour la Palestine: impossible d’y croire

Le Peace for Prosperity Workshop (https://www.whitehouse.gov/peacetoprosperity/overview/) : un exercice de FLOU TOTAL numérique. Il n’y a aucun site Web de la conférence à Manama! Ni de compte Facebook. Jared Kushner, le conseiller senior de la Maison Blanche, ne tweete pas. Donc aucune trace officielle de cet évènement. Les articles de presse pourront toujours être reniés par les participants. En temps normal, toutes les conférences, tous les sommets, et même les colloques, ont une trace numérique qui leur est propre.

 
C’est sans doute tout aussi bien ainsi: le sommet a accouché d’une souris. En plus de véhiculer quelques idées douteuses. Par exemple: il propose un paquet de 50 mds $ sur plusieurs années pour la RÉGION: Liban, Jordanie, Palestine, Égypte. Il y aura 28 mds $ pour la Palestine. 
 
Mais il y a un an, la Maison Blanche coupait toute aide publique à l’Autorité palestinienne, soit plus de 200 M$ / an, en 2018. Et maintenant Jared Kushner propose des fonds impressionnants — mais strictement financés par le secteur privé! Les opportunités, bien sûr, vont attirer le secteur privé.
 
Côté politique palestinien, l’on se demande: comment faire venir de l’investissement étranger sans clarté juridique? Les Britanniques ont perdu des investissements à cause du Brexit rampant, alors l’on peut aisément imaginer la situation pour les Palestiniens sans même un accord avec l’État d’Israël.
 
Le conseiller Kushner  aura oscillé entre l’immaturité diplomatique, et la pure fantaisie. Il y a un Plan POLITIQUE, qui sera dévoilé ultérieurement, c’est-à-dire après les élections israéliennes générales de septembre. Sans consulter les Palestiniens, l’on se demande ce que réserve ce volet-là du plan: amateurisme, révolution? Les rumeurs avancent le fait que Donald Trump rendrait Jerusalem Est à l’Autorité palestinienne, mais alors ces rumeurs sont si hors normes que l’on hésite à y croire. Rien, au final, n’est réellement sérieux dans ce dossier, à part la suppression de l’aide pubique américaine aux Palestiniens.
 
 
 

La France garante des Kurdes de Syrie: Macron s’engage, Erdogan enragera-t-il?

Le président de la République s’est exprimé aux Armées dans l’unique cérémonie de vœux catégoriels de l’année, ce 17 janvier dernier. Et il a lâché des points de toute première importance pour l’histoire de France, dont je relève surtout celle-ci: les Forces françaises restent en Syrie! Nos alliés des FDS (Forces démocratiques syriennes) ne doivent pas être lâchés. Car ils ont combattu, et combattent encore, Daesh.
Ce commentaire, d’apparence anodine, oriente clairement la politique étrangère française en Syrie. Il s’agit des Kurdes, regroupés dans une structure appelée YPG colonne vertébrale des FDS. Avec 20 000 effectifs, quasi entièrement issus de la population kurde de Syrie, les YPG (milice de défense populaire) forment un groupe aux deux fonctions: combattre Daesh, aspirer à un mini-Kurdistan syrien, et attendre de se faire trahir.
Le président ne dit toujours pas qui sont les Français qui travaillent avec les Kurdes. L’allié américain, qui fait ouvertement état de ses 2000 effectifs, a mentionné la présence de 200 Français, et voilà ! Les Français savaient qui voulaient savoir, et les autorités françaises n’ont pas pas eu besoin de le dire, or personne ne doit plus l’ignorer. Soit dit en passant, voilà une nouvelle doctrine de la défausse institutionnelle: laisser dire autrui, puis agir comme si chacun le savait de source officielle. Cela ressemble à la politique israélienne de ne jamais confirmer “le programme nucléaire supposé mentionné dans les journaux étrangers”. Toujours est-il qu’aujourd’hui, ces Forces spéciales de l’ombre françaises, dévoilées par un ministre américain, sont l’honneur de la France vis-à-vis des YPG, qui eux ont tellement aidé l’Occident à clouer Daesh sur place. Ces YPG souhaitent une autonomie dans le Nord-Est syrien, et ils ont un parti politique, le PYD.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a fait de la destruction du militantisme nationaliste kurde une priorité de politique intérieure et étrangère. Il suit en cela une vieille constante étatique héritée du kémalisme: les Kurdes n’existent pas en tant que peuple, et leur tentative d’obtenir un État est une agression contre la nation turque. Le PYD n’est donc qu’une extension transfrontalière en Syrie de cette même menace, et agit comme le jumeau du PKK principale milice insurgée kurde de Turquie et classée terroriste un peu partout. Si autonomie kurde en Syrie il devait y avoir — toujours selon la doctrine étatique turque — alors le séparatisme kurde en Turquie en serait encouragé. Une telle éventualité représenterait un péril existentiel pour la nation turque,  toujours selon la classe politique turque et ses flamboyants partisans. Plus près de nous en France, l’Etat français se trouve à protéger les ennemis de l’État turc. Mais la France n’est pas seule, pour paraphraser De Gaulle: la police militaire russe est actuellement entrée dans la ville de Manbij, ville naguère sous contrôle des FDS/YPG. Les forces turques et leurs affidés sont à quelques kilomètres à peine. Voici que l’État russe met en action le souhait du président Macron de ne pas laisser tomber les combattants kurdes de Syrie. C’est aussi compliqué que les guerres d’Italie sous les Borgia.
Beaucoup de frictions à prévoir, en attendant que le président Erdogan enrage.