Qui a trompé qui dans le ciel syrien?

Que s’est-il passé le 19 septembre dans le ciel syrien: un bombardement israélien, retour de feu syrien, descente en vol d’un avion de reconnaissance RUSSE qui se trouvait grosso modo sur l’itinéraire des israéliens. Le ministère de la défense russe a d’abord estimé que les avions israéliens s’étaient  dissimulés derrière l’Iliouchine 20 solitaire, après avoir ouvert le feu sur sur une base présumée des forces iraniennes des Gardes Révolutionnaires (principalement la force Al-Quds, vouée aux  actions extérieures). L’état-major israélien a fait un aveu rarissime: oui, il a bombardé des positions iraniennes. L’état-major russe, sans parler de la cible, précise que la partie israélienne n’a donné qu’une minute de préavis aux Russes avant le tir sur la cible des Gardes Révolutionnaires.
Voilà pourquoi les batteries anti-aériennes gouvernmentales syriennes ont riposté anarchiquement: elles ignoraient que l’Iliouchine était présent. Évidemment, croire à cette hypothèse veut dire que les artilleurs syriens ne savent pas tout de leurs alliés russes dans le ciel. En outre, les artilleurs syriens ont tiré des S200, missiles russes efficaces et qui se déclinent en versions améliorés en ordre croissant: S300, S400. Les gouvernementaux syriens doivent se satisfaire des S200, déjà assez efficaces, mais éventuellement insuffisants pour traquer les F16 israéliens?
Vladimir Poutine a vite déclaré, le même  jour que l’incident qui causa la tragique mort des 15 occupants de l’Iliouchine 20, que toute cette affaire était le fruit d’un tragique concours de circonstances. Réaction éminemment conciliante envers le gouvernement d’Israël. Il est vrai que Benjamin Netanyahu avait téléphoné prestement à son homologue pour expliquer sa version: une attaque annoncée conformément à l’accord de déconfliction entre les forces israéliens et russes dans le ciel syrien. En plus de cet appel, les Forces armées israéliennes se fendirent donc de ce  rarissime communiqué explicative. Le voici:
On y lit, quasiment pour la deuxième fois de l’histoire, l’aveu officiel israélien que son aviation pilonne des cibles en Syrie. Cet aveu était donc nécessaire afin de calmer les passions et les questionnements autour de ce conflit naissant entre les deux États, Russie et Israël. On remarquera que  les gouvernementaux syriens ne sont pas tenus pour les auteurs de cette fabrique d’armements “précis et létaux”. Les forces armées gouvernmentales n’ont fait que prêter leurs installations. Ses artilleurs ne sont accusés de rien d’illégal, sinon de fautes militaires, étant ce que l’on pourrait appeler de “simples usagers” de S200 défensifs, et sans responsabilité stratégique dans cette affaire. Exit Bachar al-Assad de la controverse, ses artilleurs portant la coulpe de leur incompétence.
Mais voici que Bachar al-Assad revient dans l’équation: l’aviation israélienne a tiré sur des positions iraniennes à Lattaquié. Ceci est très surprenant: l’on croyait que Vladimir Poutine avait, à la demande de Benjamin Netanyahu, fait retirer les forces iraniennes à plus de 80 km des frontières israéliennes du Golan (je n’entends pas par là que la frontière israélienne du Golan est légitime, et qu’une ‘attaque gouvernementale syrienne sur cette frontière  seraient une violation juridique.) Que faisaient les troupes iraniennes à cet endroit si septentrional, c’est-à-dire si loin du Golan? Cet endroit est considéré comme le bastion du régime, alors les Israéliens oseraient-ils attaquer à cet endroit? Les militaires Russes, dont les bases sont si proches, seraient-ils indifférents? De toute évidence, les  miliciens iraniens armaient le Hezbollah ou alors ils aidaient à l’imminente attaque syrienne et russe sur l’enclave d’Idlib dernier bastion des rebelles en tout genre (hormis les Forces démocratiques syriennes au nord-est du pays). Donc les analystes militaires israéliens ont dû sentir que les militaires russes ne contrôlaient pas les Gardes révolutionnaires d’Al Quds qui eux continuaient à fournir des éléments à leurs alliés à eux, le Hezbollah libanais. Le feu vert implicite russe été donné.
MOSCOU ET SES DEUX ALLIÉS ENNEMIS: TÉHÉRAN ET JÉRUSALEM
Est-ce que cette toile d’araignée d’influences concerne vraiment Bachar al-Assad? Fort peu, hormis les deux malheureux syriens tués au sol lors du raid aérien israélien. On peut même  se demander si les artilleurs étaient même  au courant de la mission non pas des avions israéliens, mais de l’avion russe! Ainsi, un jeu d’influences étrangères se déroule sur le sol et dans le ciel syrien, dont le but est d’obtenir le plus possible de la part de Bachar al-Assad. Entre Moscou et Téhéran, alliés objectifs, un jeu inévitable est en cours pour remporter la plus grosse du gateau. Seulement voilà: Moscou et Jerusalem sont eux aussi liés. (Je cite Jérusalem par pur réalisme car c’est la capitale effective de l’État d’Israël, et non pas Tel-Aviv d’où le gouvernement ne siège pas; ce choix réaliste ne signifie pas que le grand Jerusalem doive être considérée comme capitale légale et immuable de l’État d’Israël par le monde extérieur).
Si Vladimir Poutine s’est vu obligé d’embrouiller quelque peu ses alliés objectifs iraniens en Syrie sur la réalité du raid israélien, cela s’explique par le peu de confiance qui règne entre Moscou et Téhéran. Et les artilleurs syriens, laissés à eux-mêmes ont tiré où ils ont pu. Bachar al-Assad devra quant à lui gérer tous ces alliés malcommodes, eux qui prétendent être si pressés de partir, alors que l’on ne voit pas qui du Russe ou de l’Iranien emportera le gros lot. Bien sûr les deux ont voulu détruite Daesh et autres jihadistes, ce qui est pratiquement fait. Toutefois,  le gros lot n’est pas Daesh, qui de toutes façons devait être détruit sans bénéfices (villes, ressources, populations nouvelles) car tous ses avoirs étaient volés ou cachés dans des comptes bancaires inaccessibles. L’on ne voit pas ce que serait le gros lot, le BONUS, sauf à considérer que la base navale russe de Tartous en Syrie, et la base aérienne de Hmeimim également en Syrie, sont des trophées suffisants. L’État iranien, lui, n’a pas emporté de tels trophées, hormis quelques lieux de pèlerinage chiite de second ordre. Pour en savoir plus, suivons les actes des gouvernants iraniens, qui nous mèneront tôt ou tard vers l’objet réel de leur intervention. L’attentat de Daesh  Et alors le rapprochement russo-iranien sera peut-être un pur souvenir.

La diplomatie britannique voudrait sauver l’accord nucléaire avec l’Iran mais reste hostile à Assad, nous dit le ministre chargé du Moyen-Orient

Paris,le 3 septembre2018

Le ministre délégué aux affaires moyen-orientales et au développement international, Alistair Burt, nous a accordé une heure lors d’un récent passage à Paris. La politique étrangère britannique ressemble de près à celle de Paris: sauver l’accord nucléaire, afin que le président Hassan Rohani ait le temps de négocier sereinement des accords annexes sur les missiles et la présence iranienne en Syrie. Il n’y a donc pas d’alignement de Londres sur Washington.

Au sujet de l’assaut imminent sur Idlib en Syrie, Alistair Burt est encore une fois sur la même fréquence d’onde que le Quai d’Orsay: alerte sur l’emploi des armes chimiques, et la question corollaire, où iront les civils? D’ailleurs, les civils syriens réfugiés dans les pays voisins posent eux aussi un problème: eux qui n’appréciaient guère le régime Assad, comment peuvent-ils revenir sous la coupe de la police syrienne sans aucune garantie formelle? Le projet de rapatriement des réfugiés en dépend, et donc les puissances occidentales ne doivent pas relâcher leur pression diplomatique sur le régime. Bachar al-Assad ne peut tout simplement pas être le recours naturel et logique, puisqu’il porte la responsabilité du déclenchement de la guerre civile, et que sa police a commis tant de crimes. Sur ce point toujours, convergence entre Londres et Paris. “Je n’irai pas de sitôt à Damas”. Le ministre excelle dans l’art de l’understatement British!

Alistair Burt, ministre pour le Moyen-Orient, dans les jardins de l’ambassade du Royaume-Uni à Paris, le 3 septembre 2018

Quelques succès occidentaux — je suis obligé de dire occidentaux car Londres n’est plus organiquement dans le concert européen — sur le Yemen: la pression diplomatique a fait diminuer les bombardements saoudiens et émiriens sur les zones houthies, et la coalition saoudienne a pour la première fois reconnu des “erreurs” dans ses bombardement excessifs, et “c’est déjà un grand pas”, dit Alistair Burt.

Sur d’autres dossiers, comme le Liban , ou encore la crise des Rohingya, son appréciation est mixte. Si les Gardiens iraniens de la Révolution passent au Liban, la situation se dégradera complètement. Côté Bangladesh, où 800 000 Rohingya ont trouvé un refuge temporaire, la catastrophe humanitaire n’a pas eu lieu, les ONG et les gouvernements ont eu les bons réflexes sanitaires, et le financement adéquat, et fort heureusement les moussons ont été clémentes. L’avenir de ces populations, dont la vocation serait de rentrer en Birmanie, chez eux, reste incertaine. Burt estime que la Cour Pénale Internationale devra un jour se pencher sur cet exode, les élements constitutifs de génocide étant présents dans le rapport sans concession de l’ONU sur cette tragédie.

En définitive, rien de bien réjouissant sur le terrain, sauf à dire sans le dire que Londres reste proche de Paris, et qu’ensemble les deux savent faire entendre leur différence par rapport à Washington, sans tomber dans les bras de Moscou.

Pour ceux que ça intéresse, voici le verbatim “on the record”.

HH

SYRIE

Idlib: Royaume-Uni a dit que armes chimiques totalmt inacceptables

pas renouvellement Ghouta

irresponsabilité de laisser gens revenir sans garanties pour eux;

Savons que Bachar al-Assad va gagner, mais trop sanglant et risque sur rentrants. Arrestations, avis de décès, conscriptions forcées.

Je ne vais pas aller à Damas de sitôt, moi ministre.

Mme ASMA AL ASSAD: nationalité britannique révoquée

Yemen, Martin Griffith Foreign Secretary

Houthi missilesu

Genève bientôt

la Coalition a admis erreur dans frappes deplorables, une 1re notable

ne pas reproduire

pas d’offensive massive sur Hodeida, certaine retenue.

Royaume-Uni sait qu’insurrection a tout commencé, donc pro coalition, insurgés doivent le reconnaitre et accepter

Libye: milices doivent être restreintes,

Ghassam Salame y travaille .

trop de convoitises sur champ petrolifères.

Haftar?

Iran: ai passé WE avec Aragchi

Royaume-Uni va respecter JCPOA, cherchons moyens bcaires

, problème technique et non politique . JCPOA a réduit tensions, sans JCPOA nouvelles tensions. Vls qu’Iran se conforme toujours et encore

Sorry that US has taken different course.

Personne ne doute que Us n’a pas legitimes questions, dont missiles.

complot pour tuer Giuliani chez MEK

Iran cannot argue that it is Syria to fight Daesh w anti aircraft;

clashes w drones; Royaume-Uni not in discussions but support common sense. with Aragchi all topics mentioned.

ROHINGYA:

Burt est égalment chargé de cela.

Camps Cox’s Bazar: beaucoup mieux, Kotapalunga camp, bonne nutrition et’pas d’épidémie, mousson légère hrsmt ,

130M£ d’aide.

Que faire? Roh disent Birmanie est leur patrie, ils veulent identité.

comment les rapatrier? Entrée des ong en Birm est nécessaire . changement culturel et politique,

et merci Bengladesh.

Rapp ONu a soulevé “génocide”, il faut appliquer cette norme internationale. Gros défi international, pas purement national.

WFP veut présence internationale durable.

ISRAEL

nouvelle LOI NATIONALITté : on s’y attendait, mais cela n’aide pas la situation.

voir cf ONU sem dernière sommet sur médiation, archevêque Cantorbery

[off the record: we cannot fully rule out a war.

BURT 8 fév 2018

président Abbas pense encore que les États-Unis sont clé

Q Marine Hay: pourquoi France a oragnisé réunion année dern sur P-O ?

BURT: oui, Britanniques ont influence et regard là bas, mais c’est affaire Israël Palestine , il y a Golfe. ET Israéliens et Palestiniens ont de pires ennemis que leur vis-à-vis .

Le plus cela traîne, le plus ça se complique.

Royaume-Uni souhaite nouveau rapprocht à la 2015 entre AKP et PKK

Depuis Sotchi, on sait que Genève reste seul chemin. Kremlin sait qu’ il faut que régime Bachar al-Assad vienne de manière sérieuse aux négociations, non pas simple bonjour.

Les nouvelles attaques chimiques à Ghouta, et vls que régime et partenaires

current absence of Common Investigative process, thru Russian withdrawal, is a blow. But we need accountability, the international mechanism to deal w breaches is absent, and history tells UN to look for new mechanisms.

Quickest way: to stop those who use chems , to warn those who aid and abet to stop.

Removing terrorists, and making sure that does not reappear, is a concern for Erdogan who fears reappearance of PKK terrorism.

Wall between Israël and Lebanon: (Q hussein): both governments seek to avoiidthis confrontation. Israël worried about Hezbollah, and Iranien presence. If Pasdaran try to settle in Leb, then that is very bad.

Royaume-Uni proscribes Hezb military wing,

Iran :

complexe État,

normalisation relations pour aider son économie est une clé;

government Iran knows compartimentalisation is not infinite, there is some link to Hezb and there are such voices in Tehran, and other bellicose voices.

About Iran embassy in Royaume-Uni, Royaume-Uni government trying to resolve the problem of the banknotes inn the basement of embassy. (as per Araghchi told the journalists )

France et Royaume-Uni voient le monde de manière similaire.

Royaume-Uni government has no dealings w Hamas, until Hamas moves towards quartet principles,

Huthi contact there is an understanding that if negotiated solution the Huthis must be involved.

One tragedy of Yemen: the National Dialogue almost worked but spoiled by the strongmen; a sufficiently federated/autonomous state is solution. No one from outside can find a way, it would be going on a fool’s errand.

Trump remporte un gros succès au Mexique en décrochant accord commercial

Les détails restent cependant très flous

Le président Donald Trump, en direct devant les écrans de télévision, a scellé un nouvel accord commercial avec le président mexicain Enrique Peña Nieto. L’ALÉNA, Accord de Libre-échange nord-américain plus connu sous son acronyme anglais de “NAFTA”, a été renégocié avec le Mexique. Peña Nieto lui-même le reconnais au téléphone, sur haut-parleur avec Donald Trump, parlant en espagnol puis étant traduit par la voix d’un interprète (en mode alterné). Curieusement, DJT n’a jamais fait de pause de son côté pour le traducteur, sans doute parce que l’évènement visant le public américain.

 

Les deux hommes ont égréné pendant 10 minutes leurs divers motifs de satisfaction. DJT a évoqué de manière sybilline une future coopération entre les deux États “sur la frontière”, ce qui implique mais ne nomme pas le mur. Évidemment cet aspect n’a pas été un total succès, sinon l’on l’aurait mentionné: la République mexicaine ne financera pas son Mur.

 

Peña Nieto a cependant incité DJT a obtenir un accord avec le Canada. À plusieurs reprises, le Mexicain a évoqué le Canada. Ceci marque une autre primeur: deux présidents qui en direct et en public parlent d’un État tiers! Les règles d’étiquette diplomatique n’existent plus.

 

La question est maintenant posée: DJT n’est-il pas en train de réussir? Refaire “NAFTA, cette arnaque” comme il a dit au téléphone; et se rapprocher de Kim Jong-un, “un dirigeant qui sait se faire aimer de son peuple”. Sans oublier  les relatifs progrès de sa position dure sur l’Iran nucléaire. La réussite en général, pour un dirigeant, ne se manifeste-t-elle pas par des résultats concrets? Pour l’heure, DJT n’a que des amorces de résultats à venir. Impossible donc de le juger, mais il est possible de différer le verdict. Alors jusqu’à quand faudra-t-il attendre pour voir des Traités ou Accords totalement rédigés, dans les règles du droit international, et un début d’application concrète? Et quand verra-t-on Kim Jong-un démanteler son arsenal nucléraire? DJT peut s’attribuer des avancées, mais non pas le succès final et définitif. Par contre, l’ouverture diplomatique concernant la Russie de Poutine est clairement gelée. Parler à Poutine est facile, parler au Congrès ne l’est pas.

 

DJT joue la montre, car la reconduction de la Chambre des Représentants et d’un tiers du Sénat se fera le 6 novembre.  Or cette date est trop proche pour que le verdict sur les nouvelles ouvertures diplomatiques puissent être classées comme succès. Ces ouvertures seront quant à elles récupérées par la propagande électorale républicaine, ce qui est de bonne guerre en politique électorale américaine. Cette politique que j’appelle l’équivalent moral d’une guerre, mais sans effusion de sang.

 

TRUMP, XI ET POUTINE: le pouvoir chinois sous pression

Comment Trump est le seul à savoir mettre le pouvoir chinois sous pression
(ENGLISH VERSION BELOW)

Le président américain a-t-il une stratégie concertée pour contrer la montée en puissance de la Chine populaire? Ces inconstances et excès sembleraient indiquer que non, puisque l’homme est outrancier et simpliste. Donald Trump (DJT), nous laisse croire qu’il improvise sans cesse à partir de ses intuitions, et qu’il vise à la fois la popularité auprès de sa base et l’exaspération auprès de ses adversaires internes.

Toutefois, dans le dossier chinois DJT semble fidèle à la ligne du push-back, ou en français néologique la contre-poussée. Cette ligne strategique prend son sens lorsqu’on observe la stratégie à long terme du Parti Communiste chinois (PCC). Le commerce sert d’instrument de puissance impériale, dont les résultats viendront à moyen et long terme, c’est-à-dire le temps que la force militaire chinoise devienne incontournable. En clair, la Chine populaire en nouvelle URSS, en unique puissance à parité avec les États-Unis.

Vu de Washington, comment stopper l’ascension chinoise? La posture de George W. Bush, et surtout de Barack Obama, consistait à donner quelques avertissements aux gouvernants chinois qui eux faisaient quelques ajustements mineurs, sans pour autant changer de cap général. Par dépit les Occidentaux se satisfaisaient de ces concessions modestes.

Or ce n’est pas comme cela que l’on intimide Pékin, si la chose est encore possible! DJT semble montrer le chemin, car il ne craint pas de bousculer Pékin, en ouvrant une guerre commerciale qui répond à la guerre lente préalablement lancée par les dirigeants communistes eux-mêmes.

La tactique de DJT est la cajolerie, la menace nonchalante, les virevoltes, et la réputation de vouloir conclure des “deals”. Cette tactique était manifestement trop osée pour ses prédécesseurs qui eux n’ont pratiquement rien obtenu de durable. Dans un dossier connexe, l’homme a tenté l’ouverture avec Kim Jong Un seulement après l’avoir menacé publiquement d’une destruction apocalyptique! Menace proférée à la tribune des Nations-Unies en septembre 2017 devant une assistance ébahie.

ÊTRE IMPRÉVISIBLE ENVERS LES COMMUNISTES CHINOIS
Préalablement, DJT avait fait mine de vouloir retirer les bases militaires américaines de Corée du Sud, car trop coûteuses. Le gouvernement chinois a pu un moment se réjouir en cachette d’un éventuel retrait. Mais la suite a été trop difficile à déchiffrer pour Pékin. Et c’est là que DJT déploie une espèce de génie qu’il ne semble même pas maîtriser: l’imprévisibilité brutale. Les dirigeants communistes chinois, comme tous les observateurs le disent, aiment la prévisibilité. Les dirigeants qui virevoltent, comme Sarkozy sur la question tibétaine en 2008, sont des clowns indignes de confiance. Toutefois, DJT est trop puissant pour être vu comme un clown. Les investissements américains ont formé la pièce maîtresse de la renaissance économique chinoise, et l’on ne comprend pas bien si DJT veut réellement bousculer le rapport économique entre les deux nations, ou s’il court après son électorat à coups de rodomontades nationalistes. Résultat: Pékin ne sait plus précisément comment DJT veut procéder, et donc ne sait pas quelle réaction serait la bonne, car la poursuite de la conquête commerciale lente ne saurait être compromise.

Le résultat est cette hyper-prudence chinoise. En effet, le poids des choix qui attendent le PCC est énorme. Faut-il aider Kim Jong Un à résister à DJT? Dans cette hypothèse, les troupes américaines resteront en Corée du Sud — mauvaise issue. Autre hypothèse: pousser Kim Jong Un à suivre le chemin du PCC, or cela entraînerait une entrée de plein pied des investissements américains en Corée du Nord — mauvaise issue. Faut-il abandonner le pulsionnel Kim Jong Un à son match géopolitique avec DJT, pour que la flotte chinoise se renforce discrètement jusqu’à totalement contrôler la Mer de Chine méridionale? Dans cette hypothèse, rien ne garantit que Kim Jong Un se détournera de la Chine populaire, et que les États-Unis, le Japon (et même à son petit niveau la France) négligeront les appétits chinois dans cette mer stratégique. L’État japonais étoffera d’autant plus vite sa considérable flotte, et elle reste arrimée aux États-Unis. Encore un piètre résultat.

LA GUERRE ÉCONOMIQUE CONTRE LA CHINE NE FAIT PAS VRAIMENT PEUR
Les facteurs économiques ont une importance évidente, surtout lorsque l’on entreprend une guerre commerciale. “Les guerres commerciales se gagnent facilement” avait tweeté DJT. Si les États-Unis surtaxent des produits chinois débouchant sur le marché américain, la Chine populaire pâtira d’un recul de ses carnets de commande. Cela ressemble à un avantage pour les États-Unis, mais puisque l’État de la république populaire détient mille milliards de dollars en bons du Trésor américain, une vente précipitée de ces bons videraient les caisses de ce même Trésor. Avantage en apparence seulement pour le PCC, car voici par où le bât blesse: en inondant les marchés financiers de ces bons, l’économie américaine s’affaiblirait — et l’évaporation du meilleur client, les États-Unis, pénaliserait incalculablement l’économie chinoise elle-même ! Et DJT, à la surprise du PCC, semble disposé à encaisser les douleurs d’une attaque financière frontale chinoise. Il s’agit encore d’une éventualité que le PCC ne semble pas avoir sérieusement envisagé. L’hypothèse de l’emploi de l’arme financière produirait donc un énième mauvais résultat.

En un mot, DJT tient Xi Jinping, ce “grand ami et dirigeant de grand talent”. Même dans le langage il tient Xi.

Si la stratégie profonde de DJT est l’endiguement de la Chine populaire, un appui russe serait d’un grand secours. Or n’est-ce pas précisément ce que tent de faire DJT: une nouvelle proximité Washington-Russie? Certes, Vladimir Poutine a tenté de faire tout le contraire depuis qu’en 2007 le Kosovo est devenu indépendant. Dès ce jour, l’Occident ne jouait vraiment plus la partition (musicale) voulue par le Kremlin, en procédant à la partition (territoriale) de la République de Serbie. Les concepts de droit et de pouvoir et de droit international à la russe n’avaient pas pris à Washington, pour des raisons complexes que nous n’aborderons pas ici dans l’intérêt de la clarté. La manière ultra-cynique de pressurer les États tampons frontaliers de la Fédération de Russie n’ont attiré que certains groupes politiques. Pourquoi DJT est-il si tolérant envers le comportement de Vladimir Poutine?

TRUMP A EMPLOYÉ LA MAUVAISE MANIÈRE POUR SUSCITER UNE ALLIANCE RUSSE

DJT est indifférent aux coups bas que les services secrets et les agents d’influence russes délivrent en Occident, car il estime manifestement que tout le monde use de procédés malhonnêtes, y compris les États-Unis et dans une certaine lui-même personnellement. DJT a probablement pris langue avec des oligarques ou des envoyés du Kremlin pendant sa campagne électorale, il a pu envisager de juteuses affaires avec des Russes prêts à aider son mini-empire immobilier. En projetant toutes ces choses, DJT toujours âpre au gain a pu se dire qu’une proximité d’affaires avec le Kremlin consoliderait une nouvelle convergence stratégique dirigée, de manière incidente mais réelle, contre la grande stratégie chinoise. Ainsi articulé, les intérêts privés de DJT donneraient à celui-ci le levier nécessaire pour faire de la grande géopolitique, de jouer un mini-axe Washington-Moscou contre Pékin!

Trump et Poutine, sommet de Helsinki, 16 juillet 2018

En conclusion, DJT en est arrivé à être le premier président à se préparer à faire le grand chamboulement géopolitique qui intimide tant de dirigeants occidentaux. Il a osé, par calcul, par vanité, par électoralisme, imaginer un simple réalignement Washington-Moscou contre Pékin. Mais en s’acoquinant trop directement et vénalement avec le Kremlin, il a déservit sa propore manœuvre. Le peuple américain ne peut suivre tout cela, et n’a pas pleinement accepté de jeter toutes les règles constitutionnelles aux orties afin de gagner ce jeu de Risk planétaire. Ce peuple en est-il seulement conscient? DJT est obligé de réussir géopolitiquement s’il espère pouvoir se faire pardonner ses turpitudes. Aujourd’hui à Pékin le PCC espère sans doute l’impeachment, alors que le Kremlin le redoute nonobstant son rôle dans la corruption de l’équipe Trump. Vladimir Poutine pouvait-il imaginer que le succès de DJT était bon pour la Russie seulement si le président démagogue était vierge de toute contamination kremlinienne? Manifestement, cette éventualité n’a pas retenu son attention de joueur d’échecs. En définitive, et indépendemment de la position russe, DJT est dans une course contre la montre face à l’enquête fédérale qui vise l’ingérence électorale russe et donc DJT indirectement. S’en est à croire qu’un président des États-Unis ne peut réussir à la fois à être intègre et à stopper l’expansion chinoise, et que le président russe ne sait pas user de son influence sans déployer les moyens d’agit-prop (agitation propagande, procédé soviétique) adaptés à l’Internet et aux lobbys modernes.
HH

ENGLISH VERSION
How Trump alone knows how to put the Chinese State under pressure

Does the US president have a concerted strategy to counter the rise of the People’s Republic of China? His inconsistancies and excesses would seem to indicate that no, since the man is outrageous and simplistic. Donald Trump (DJT) lets us believe that he constantly improvises from his intuitions, while currying popularity among his base and eliciting the exasperation of his domestic opponents.

However, in the Chinese dossier DJT remains faithful to the policy of push-back. This strategic line makes sense when one observes the long-term strategy of the Chinese Communist Party (CCP). Trade serves as an instrument of imperial power, the results of which will come in the medium and long term, that is to say the time needed for Chinese military force to become insuperable. Clearly, the People’s China is the new USSR, the sole power at parity with the United States.

Seen from Washington, is there a way to stem the rise of Chinese might? The posture of George W. Bush, and especially of Barack Obama, consisted of giving some warnings to the Chinese rulers who made minor adjustments, without changing their general strategy. The Westerners in turn would make do with these modest concessions.

But this is not how we can intimidate Beijing, assuming such a thing possible! DJT seems to show the way, because he is not afraid to shake up Beijing, by opening a trade war in response to the slow war initially launched by the communist leaders themselves.

DJT’s tactics are cajolery, nonchalant threats, flip-flops, and a reputation of craving to make deals. This tactic was obviously too daring for his predecessors, who obtained practically nothing durable. In a parallel case, the man tried opening up to Kim Jong Un only after publicly threatening him with apocalyptic destruction! A threat profered at the podium of the UN in September 2017 before a stunned audience.

HOW TO SWAY THE CHINESE COMMUNISTS
Previously, DJT had pretended to seek the withdrawal of US military bases from South Korea, considered too expensive. The Chinese government temporarily and discreetly rejoiced in this possible withdrawal. But the president subsequent positions gradually became indecipherable for Beijing. And this is where DJT deploys a kind of genius that he does not even seem to master: brutal unpredictability. The Chinese communist leaders, as all observers say, like predictability. Leaders who, like Sarkozy on the Tibetan issue in 2008, are untrustworthy clowns. However, DJT is too powerful to be seen as a clown. US investment has been the centerpiece of the Chinese economic revival, and it is unclear whether DJT is really trying to shake up the economic relationship between the two nations, or whether he is staging nationalistic rhetorical battles for his electorate’s consumption. Result: Beijing does not know exactly how DJT wants to proceed, and therefore does not know what reaction is required, given that the pursuit of slow commercial conquest cannot be compromised.

The result is Chinese hyper-caution. Indeed, the weight of the choices facing the CCP is enormous. Should we help Kim Jong Un to resist DJT? In this case, US troops will stay in South Korea – bad outcome. Another hypothesis: push Kim Jong Un to follow the path of the CCP, or it would lead to a mass influx of US investment into North Korea – bad outcome. Should we abandon Kim Jong Un to his geopolitical match with DJT, so that the Chinese fleet can discreetly reach paramount strength in the South China Sea? In this hypothesis, there is no guarantee that Kim Jong Un will turn away from the People’s Republic, and that the United States, Japan (and even France at its smaller level) would ignore Chinese hegemonism in this strategic sea. The Japanese State will expand its considerable fleet all the more quickly, and it remains interlocked with the United States. Still a poor result.

THE ECONOMIC WAR AGAINST CHINA IS NOT REALLY FEAR
Economic factors are obviously important, especially when a trade war is being waged. “Trade wars are easy to win,” tweeted DJT. If the United States overtax Chinese products heading towards the US market, China will suffer from a drop in customers. This sounds like an advantage for the United States, but since the Chinese state holds a trillion dollars in US Treasury bonds, a precipitous sale of these bonds would empty the coffers of that same Treasury. The strategic advantage for Beijing would be double-edged, because here’s the rub: by flooding the financial markets with these bonds, the US economy would weaken – and the evaporation of the best customer, the United States, would incalculably penalize the Chinese economy itself! Yet DJT, to the surprise of the CCP, seems willing to withstand the blow of a Chinese frontal financial attack. This possibility has not entered into the calculations of the CCP. Clearly, a massive Chinese financial blow could produce yet another bad outcome.

In a word, DJT holds Xi Jinping, this “great friend and leader of great talent”. He even holds Xi though words!

If the deep strategy of DJT is the containment of the People’s Republic of China, then Russian support would be of great help. But is this not precisely what DJT is trying to achieve: a new Washington-Russia axis? True, Vladimir Putin has tried to do the opposite since the day in 2007 when Kosovo became unacceptably independent. From that day on, the West had definitely ceased to heed the Kremlin, and the partition of the Republic of Serbia was a definitively parting of ways. The concepts of law and power and international law Russia-style had not swayed Washington, for complex reasons that we will not tackle here. Suffice it to say that the ultra-cynical way of squeezing the border buffer states of the Russian Federation has enthused only certain political groups in the West. So why is DJT so tolerant of Vladimir Putin’s behavior?

TRUMP TOOK THE WRONG PATH TO A RUSSIAN ALLIANCE

DJT is indifferent to the low blows that the Russian secret services and agents of influence deliver to the West, because he clearly believes that everyone uses dishonest methods, including the United States and in a certain sense him personally. DJT probably spoke with oligarchs or envoys of the Kremlin during his election campaign, he could consider juicy business with Russians ready to help his mini real-estate empire. In projecting all these things, DJT could say in his money-hungry way that proximity of business with the Kremlin would consolidate a new strategic convergence, which would in turn be directed against the great Chinese strategy. Thus articulated, the private interests of DJT would give him the necessary leverage to construct a great geopolitical Washington-Moscow axis against Beijing!

In conclusion, DJT has come to be the first president to prepare for the great geopolitical turmoil that is intimidating so many Western leaders. He dared, by calculation, by vanity, by electoralism, to imagine a simple realignment of Washington-Moscow against Beijing. But by being too directly and suspiciously linked with the Kremlin, he thwarted his own maneuver. The American people is untrained in following all these maneuvers. Morever, Americans are unprepared to accept throwing constitutional rules to the winds in order to win this over-arching game of Planetary Risk. Are Americans even conscious of all these undercurrents? It remains that DJT is forced to succeed geopolitically if he hopes to be forgiven for his domestic transgressions.

Today in Beijing the CCP undoubtedly hopes for impeachment, while the Kremlin fears such an outcome, notwithstanding its role in the corruption of the Trump team. Might not Vladimir Putin have imagined that DJT’s success would be good for Russia only if the demagogue president were free of any Kremlinian contamination? Obviously, this case did not catch his attention as a chess player. In the end, and independently of the Russian position, DJT is in a race against the clock in the face of the federal inquiry that is targeting Russian electoral interference and therefore DJT indirectly. This leads one to believe that a US President cannot succeed both in being honest and stopping Chinese expansion, and that the Russian President does not know how to use his influence without resorting to agit-prop (propaganda agitation, Soviet process) adapted to the Internet and modern lobbies.
HH

Le cosmos: plusieurs États accroissent leur présence, seul Washington parle de guerre du futur

Dans un été dominé par des sujets classiques — Israël, Gaza, les Druzes, Trump sous la pression du procureur, l’affaire Benalla, contestation au Venezuela –, le cosmos grouille d’activités humaines et aussi politiques. L’intensité de ces activités ne laisse plus la place au doute: l’espace est un chantier où ne jouent que les grands.

LES ÉTATS-UNIS D’ABORD: LUNE, MARS, LE SOLEIL, ET MÊME UN TAXI

La Parker Solar Probe de la NASA, c’est-à-dire la sonde dirigée vers le soleil par l’agence spatiale américaine, a décollé ce 11 août. La sonde ira plus près qu’aucune sonde préalable, et étudiera le phénomène du “vent solaire” théorisé par un scientifique américain nommé Eugene Parker en 1958. Il s’agit des particules qui émanent du soleil et qui circulent dans le cosmos qui n’est donc pas véritablement un vide sidéral.

Une hypothèse lourde de conséquences pour la terre: l’effet de certaines explosions sur la surface du soleil serait de générer un vent solaire exceptionnel et nocif pour les courants électriques terrestres, comme cela se serait produit en 1859, provoquant le détraquage du tout jeune réseau télégraphique.

Le gouvernement des États-Unis s’intéresse aussi à des chantiers plus immédiats: la NASA annonce la livraison des nouvelles capsules spatiales américaines pour faire la navette terre-ISS: le Crew Dragon de la société SpaceX, et le CST-100 Starliner de Boeing. Bientôt les Américains — et les Européens par la même occasion — n’auront plus besoin d’effectuer les liaisons vers l’ISS (International Space Station) par les spationefs Soyuz, russes. Les Soyuz ont bien servi depuis le retrait des Space Shuttle (navettes spatiales, retirées de service en 2011), mais ils vivent leurs derniers mois comme unique taxi de l’espace. Les nouveaux taxis ne devraient-ils pas être peints en jaune comme les taxis new-yorkais?

La Starliner, l’un des deux nouveaux taxis entre la Terre et l’ISS

L’AVENTURE SPATIALE INSPIRE PEU DE DOCTRINE, MAIS BEAUCOUP D’EFFORTS
Le cosmos ne cesse de stimuler les efforts des grandes puissances, qui agissent sans même que la pression populaire ne les y oblige. Le Japon, la France, l’Allemagne, l’Italie, Israël, la Chine, la Russie, et bien sûr les États-unis sont les principaux des États qui lorgnent vers l’espace tout en étant capables de mener une mission partiellement autonome avec l’appui de partenaires secondaires. Des choix s’offrent à leurs gouvernants, et à leurs peuples aussi: faut-il demeurer dans la coopération scientifique? rester purement pacifique? impulser la découverte de Mars? revenir sur la Lune? à quoi sert l’exploration spatiale? combien financer tout cela s’il n’y a pas de retombées économiques ?

Ce sont les doctrines spatiales de chaque État qui devraient nous fournir la réponse. Paradoxalement, ces doctrines font l’objet de bien peu d’explications, et le public reste distant, à la différence de la période des Apollo. Les pouvoirs publics et parapublics agissent sans vraiment compter sur un engouement populaire. Tant qu’il y a le budget, l’activité continue, et l’État profond sait que le cosmos ne peut être délaissé, sous peine de déclassement national. Pour le dire autrement : les grands commis de l’État savent qu’il faut aller dans l’espace, et sont sûrs qu’une fois les voyages et les installations seront faisables les avantages et retombées se manifesteront d’elles-mêmes. Allons voir ce qu’il y a sur la Lune, Mars, le Soleil, les satellites et les astéroïdes, et nous en tirerons bien quelque avantage — voilà la doctrine de ce jour. Curieusement, c’est le duo Donald Trump et Mike Pence qui parlent le plus d’espace sur la scène mondiale. Leur doctrine: être les meilleurs, aller partout et tout explorer. Non sans penser à la guerre de demain, comme nous verrons plus bas.

LA CHINE POPULAIRE LORGNE LA LUNE
Un aspect longtemps considéré comme démodé est le retour sur la Lune, pour la aprcourir voire la coloniser. L’agence spatiale chinoise, marchant à contre-courant, vient de compléter une mission de présence sur la Lune — et presque tout le monde l’a oublié! Il s’agit de la mission Change’3 d’alunissage et d’exploration par voiture électrique télécommandée — génériquement une “rover”. La fusée Longue Marche fut tirée le 1er décembre 2013 avec à son bord le rover, le 14 décembre l’alunissage réussit, et le rover nommé Yutu (Lapin de Jade, personnage mythologique chinois) se mit à parcourir la surface lunaire. Au bout de deux jours Yutu s’immobilisa à cause d’une anomalie mais continua de transmettre des images et des données pendant 31 mois, au lieu des 3 mois initialement prévus! Des missions nouvelles, Change’4 et Change’5 sont prévus pour les toutes prochaines années, et l’on verra une capsule chinoise alunir sur le dos de Yutu puis regagner la planète Terre, et dans 15-20 ans ces capsules transporteront des taïkonautes. Le prochain homme sur la Lune sera probablement chinois. La prochaine colonie aussi.

无命题14 : le module de la mission chinoise telle qu’elle est sur le lune

À quoi pourrait servir une présence humaine sur la Lune? À observer les astres sans l’encombrement visuel provoqué par l’atmosphère polluée; à surveiller la Terre par téléscope; à trouver des minerais rares; à constituer un relais à l’ISS; à se prêter à tout usage militaire dont celui de permettre la destruction par laser des satellites adverses… Les raisons d’explorer et de coloniser l’espace sont éparses, mais réelles.

LES AUTRES MISSIONS LUNAIRES:
Cet été l’agence spatiale israélienne a annoncé fin juillet qu’une mission israélienne posera un module sur la Lune. Une fusée décollerait en février 2019, avec un rover à son bord, capable de parcourir 500 mètres et de transmettre des images vidéo de haute définition.

La République de l’Inde lancera un orbiteur et un rover lunaire inhabité, théoriquement en 2018. Chandrayaan-2, le nom du rpojet, devait à l’origine être un projet indo-russe, mais il y eut trop de problèmes du côté de Roscosmos, l’agence nationale russe.

LES MISSIONS ASTÉROÏDES
Il convient de faire mention des autres nationalités actives dans l’espace: une mission japonaise, Hayabusa2, a déjà posé un module sur un astéroïde, Ryugu, à 280 millions de km de la Terre, en juin 2018. Ce module provoquera une explosion, prélèvera des échantillons, et les remportera sur la Terre en 2020! Encore une prouesse.
Un programme similiaire est en cours, piloté par la NASA, Osiris-Rex, sur un autre astéroïde.

LES MISSIONS MARTIENNES
La planète rouge reste la prochaine destination de l’humanité. Le président Obama l’avait voulu, mais en oubliant la lune. Le président Trump a annoncé fin 2017 que les États-Unis devaient remettre le cap sur la Lune ainsi que sur Mars!

Une mission martienne européenne, et plus particulièrement italienne, est passée par dessus Mars, et a détecté la probable existence de lacs d’eau souterrains! La technologie de géoexploration par ondes est des plus avancées.

LA MILITARISATION
Washington, Pékin, Moscou y pensent.
En mars 2018 le président états-unien précise que se sont les autres puissances qui ont transformé l’espace en “domaine de combat” (warfighting domain) et le vice-président Mike Pence a annoncé en août l’établissement de trois axes: un commandement supplémentaire pour les forces armées appelé Space Command, une agence de développement spatial, au bout la création de l’embryon d’une branche séparée des forces armées appelée Space Force (ce qui déplaît à la US Air Force qui perdrait son contrôle sur l’espace).

Il n’est pas faux de dire que la Russie et la Chine préparent la militarisation de l’espace. Les dirigeants américains n’ont pas négligé le domaine non plus, mais aujourd’hui ils jouent à dire “c’est vous qui avez commencé”. Il est évident que la concurrnce à raison de milliards de dollars n’est pas un jeu spontané poir naïfs.

CONCLUSION:
Dans le domaine civil, les coopérations sont nombreuses, même entre Russes, Chinois, Japonais, Européens, et bientôt Israéliens et Indiens. Entre Européens la coopération est forte, au sein de l’Agence spatiale européenne, et aussi via un certain protagonisme de l’UE. Les satellites lancés autour de Mars ne sont plus rares, et la planète rouge ne présente pas encore d’intérêt militaire.
Toujours est-il qu’en cette année 2018, les missions spatiales vont bon train, se multipliant sans cesse, et la composante purement militaire n’a pas encore pris le dessus. L’exploration scientifique de l’espace offre une vision d’avenir pour l’humanité, ce qui est en soi un bénéfice commun. L’argument économique n’a pas beaucoup de sens dans l’âge technologique. Si seulement les gouvernants et politiciens pouvaient s’en enorgueillir plus souvent. Donald Trump aura été le dirigeant à faire le plus d’annonces grandioses sur le sujet, bien qu’il a largement éclipsé la gloire qu’il aurait pu en tirer aux États-unis par son déluge de Tweets et déclarations politiciennes sur des sujets bien moins nobles.

Les Témoignages du Troisième Reich en plein été

L’on a souvent des surprises à Woodstock, New York, et bien loin de l’image d’Épinal des hippies et rockers d’autrefois. À la librairie du village, une présentation de livre, de Gabriel Motola, écrivain américain juif mais totalement laïc. Dans la librairie Golden Notebook il y avait au moins 40 personnes, presque tous d’âges mûrs voire très avancés, et plusieurs rescapés du Troisième Reich, dont même une Française fille de rescapée, et un autre auteur dans la salle, Norman Manea, il a sa fiche Wikipedia.

Gabriel Motola, critique littéraire, se penche sur la question de l’Holocauste. Woodstock, août 2018

Dans son livre They Bore Witness Motola a analysé, voir interviewé pour le cas des vivants, les œuvres littéraires de rescapés eux-mêmes devenus commentateurs de leur calvaire. Primo Levi (dont je viens de lire Se questo è un uomo), et Norma Manea donc, survivant roumain et romancier et littérateur installé aux États-Unis depuis son entrée en dissidence en Roumanie dans la décennie finissante du communisme, entre autres. “L’antisémitisme renaît un peu partout, et demeure presque impossible à expliquer. C’est comme une constante de la civilisation occidentale”, a-t-il dit.

Après les témoignages de l’assistance — une vraie affaire de témoins de l’Holocauste ou d’enfants de survivants– nous avons eu droit à la tirade anti-Trump issu du public. Motola a rejeté l’idée que Trump était le nouvel Hitler, “non, je ne le vois pas œuvrer à la liquidation physique de groupes ethniques entiers”, et quelqu’un d’ajouter “pas encore”. Ambiance de l’Amérique de gauche libérale.

Tout le monde s’est malheureusement dispersé en un clin d’œil, je n’ai pas pu continuer de discuter, même pas avec le juif néerlandais qui a été caché aux Pays-Bas par une famille indonésienne, mais dont les frères et sœurs dans d’autres familles ont été raflés, sa mère non, son père ayant péri à Auschwitz. Les gens ne restent pas pour converser, un autre problème occidental.

Curiosité personnelle: pourquoi des Indonésiens seraient-ils épargnés par les Nazis? Le monsieur néerlandais sauvé par eux ne savait pas très bien, mais j’ai mon idée: les Indonésiens étaient quasiment devenus des sujets de l’Empire japonais qui avait envahi les Indes Orientales Néerlandaises. Les indigènes avaient été remontés contre les Néerlandais. Je m’imagine que les alliés, même approximatifs, du Troisième Reich, ont été épargnés sur les territoires conquis. Les guerres sont toujours pleines de détails particuliers, sur des cas isolés, car seuls les cas isolés ont survécu à ce qui devait être leur mort. Primo Levi a survécu à Auschwitz car chimiste il a été affecté à l’usine de caoutchouc synthétique (buna), ce qui l’a sauvé, comme l’a justement rappelé Gabriel Motola.
HH

Un mois d’actualités en Israël : le changement tellurique

Cette fin de juillet 2018 en Israël : changements telluriques

180 intellectuels ont signé contre la loi sur la nationalité, encore appelée loi sur l’État-nation, qui sont-ils? Ils ont également signé contre la loi sur sur la gestation par autrui — dite Loi sur la Suprématie — qui exclut les couples homosexuels masculins de la GPA mais la permet pour les lesbiennes. Le cinéaste Amos Oz fait partie des signataires. On verra plus tard ce que représentent ces signataires.

800 personnes à Tel Aviv suivent leçon publique d’ arabe, la plus grande au monde, pour protester contre la loi sur l’État-nation.

Les prisonniers “sécuritaires” palestiniens gaspillent de l’eau délibérément, les autorités israéliennes parlent d’une forme de terrorisme 30 juillet 2018

La révolte druze (voir le drapeau des Druzes, toujours arboré en Israël à côté du drapeau israélien) , Naftali Bennet est avec les Druzes, et regrette certains aspects de cette loi tant désirée par lui, sans pour autant être avec les bédouins ou les musulmans en général. Les Druzes: avec cette loi nous devenons mercenaires, disent plusieurs militaires druzes, dont des officiers, qui viennent de démissionner dans un fracas national.

La énième querelle entre orthodoxes hégémoniques et laïcs: l’accès à la piscine. Des femmes soldates dans une brigade spéciale ont plongé dans la piscine fournie par Tsahal, pour être éjectées par les ultra-orthodoxes. Certains groupes orthodoxes veulent une baignade ségréguée par sexe et par horaire, d’autres non, plusieurs orthodoxes qui se baignaient avec les femmes ont quitté la piscine par solidarité civique. La hiérarchie militaire louvoie, trop contente d’enfin avoir des orthodoxes sous le drapeau, eux qui traditionnellement se trouvent des exemptions à la conscription.

Benjamin Netanyahu est-il un vrai historien ? Comment peut-il dire aux Druzes qu’ils auront privilèges et statut spécial sans que la loi soit changée? L’appartenance des Druzes à la nation israélienne remonte aux origines, et la loi est unanimement décriée chez ces mêmes Druzes. Et comment Benjamin Netanyahu peut-il s’accommoder si facilement de la loi polonaise interdisant la mention “Camps de concentration polonais” (voir lettre ouverte entre Netanyahu et son homologue polonais Mateusz Morawiecki)?

 

Jason Greenblatt, le négociateur mandaté par Trump pour le dossier israélo-palestinien: que négocie-t-il? De temps à autre l’on entend son nom.

(drapeau du Hamas)

Dans le dossier des cerfs-volants incendiaires, 1200 incendies sur le territoire israélien pur (c’est-à-dire des frontières 1949-1967), le gouvernement israélien émet plusieurs menaces contre Hamas, et y ajoute l’incitation aux Gazaouis de se révolter contre Hamas. Or, il me semble que si des Gazaouis que j’ai pu rencontrer n’approuvent pas du Hamas, ils n’ont pas pour autant envie de suivre les recommandations israéliennes.

Le programme spatial israélien –mais qu’est-ce que c’est ? Pourquoi Nasa puis Google lâchent le projet de poser une capsule sur la lune, capable de franchir 500 mètres et transmettre des vidéos de haute définition?

LGBT: gay pride, Jérusalem, drapeaux arc-en-ciel 🌈 trop nombreux près de synagogues, chacun garde le souvenir d’un participant de gay pride assassiné par un ultra-oethodoxe il y a deux ans.
HH

Les gouvernements persécutent les défenseurs des droits de l’homme, ou comment être d’accord avec Zeid Ra’ad Al Hussein, Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.

Je cite sa lettre ouverte du 11 septembre 2017, qui ovre la session des droits de l’homme :

http://www.ohchr.org/FR/NewsEvents/Pages/Media.aspx?IsMediaPageFR=true&LangID=F

“The actions of violent extremists cannot totally obliterate our world. Only governments can do that – and this is the greater tragedy of today. Left on their current course, it will be governments who will break humanity. Terrorists may attack us, but the intellectual authors of those crimes will then often sit back and watch as governments peel away at human rights protections; watch, as our societies gradually unravel, with many setting course toward authoritarianism and oppression…

does it not occur to the many Governments who engage in intimidation and bullying, and commit reprisals against human rights defenders and NGOs which work with the UN human rights mechanisms – do they not realise that this only confirms to us, and to the world, how much oppression and injustice they exercise in their own countries?”

Ce diplomate jordanien continue une longue lettre de dénonciations. Le gouvernement de Birmanie qui persécute les Rohingyas, le gouvernement du Burundi qui lance les Imbonerakure et l’armée contre les civils (dans un rappel évident au génocide Rwanda d’il y a

23 ans, avec ses milices Interahamwe).

Et puis sur RFI ce matin, j’entends que le gouvernement du Zimbabwe se financerait surles diamants de contrebande pour financer les services secrets.

Et puis j’ajouterai, pour bien pourrir la fête, qu’au Cambodge, le pouvoir de Hun Sen ne subit aucun revers judiciaire, ni même diplomatique, alors que l’opposition classique est accusée judiciairement d’une foultitude de délits financiers d’une créativité perverse. Au Vietnam n’existe même pas l’ombre d’une opposition constituée en opposition d’alternance. Passons sur les autres États à parti unique, et négligeons les partis faire-valoir du genre Kuomintang révolutionnaire de Chine populaire. En Afrique noire, la situation est inégale mais l’on signale qu’au Sénégal, au Bénin, au Niger, au burkina Faso, au Ghana, au Nigéria, et j’en passe, le fonctionnement démocratique est somme toute réelle, malgré la pauvreté endémique. Au Togo, dans les deux Congo, au Gabon, des dynasties familiales sont bien enracinées. En Guinée Équatoriale, et au Cameroun, le volet familial est particulièrement fort. En Angola, c’est plutôt le parti qui s’autoperpétue. En Afrique du Sud, l’ANC prend parfois des allures hégémoniques, quoique la possibilité d’une alternance démocratique soit forte. Si l’Afrique du Sud virait à la situation zimbabwéenne, alors la démocratie en Afrique serait peu de chose.

En Asie centrale, l’hégémonisme familialo-partidaire se porte à merveille: Azerbaïdjan, Turkmenistan, Ouzbekistan, Kazakhstan, Tadjikistan, voilà bien des régions où aucun citoyen ne brandit une pancarte antigouvernementale sans la certitude d’une matraque et d’une incarcération. En ThaÏlande l’opposition “rouge” (couleur du parti populiste, et non pas du socialisme-marxiste) est semi-illégale, et à Singapour et en Malaisie prévaut un système hybride aux allures britanniques mais qui assure l’hégémonie d’un seul parti. La répression y est surtout une pression judiciaire sur tout opposant ou critique, et à Singapour l’ambiance y est particulièrement néo-confucéenne — qui peut mieux gouverner que le parti au pouvoir qui a l’expérience?

Le Vénézuéla est au bord de l’autocratie à parti unique, mais le parti chaviste n’a pas tout à fait osé franchir le pas. Hussein de l’ONU le rappelle d’ailleurs dans sa lettre de rentrée. Autrement, l’Amérique latine semble avoir reprit goût au pluralisme politique — unique bonne nouvelle.

Ce qui inquiète peut-être le plus: le sentiment rampant dans les démocraties que la démocratie elle-même est une illusion, et que les autocraties, ou la semi-autocratie de type russe, sont des évolutions naturelles voire souhaitables! Avec elles, point de mariage gay, de déferlante musulmane, d’inféodation aux grands intérêts américains.

La démocratie représentative occidentale otanienne européenne et capitalistique a ses défauts, énormes. Cependant, elle est vivable et amendable. Qui en dit autant au Turkmenistan, au Congo-Brazzaville? Dans le premier on ne dit pas, dans le 2e on lee dit mais alors commence une longue peur personnelle.

Bref Hussein a bien fait de tirer la sonnette d’alarme, d’autant plus que sa commission — dont il ne maîtrise pas les équilibres politiques — a autant servi à fustiger les scories relativement petites des démocraties qu’à démolir les excès odieux des autocraties.

HH

Le djihad salafiste est-il bon pour l’indépendance de la Catalogne?

Les attaques en Catalogne ont propulsé la société catalane sous les projecteurs du monde. Parallèlement au drame terroriste se joue une partie d’échecs entre catalanistes et espagnolistes. Pour le gouvernement autonome catalan, comme pour son pendant national espagnol, juguler le terrorisme, et régler l’avenir constitutionnel de la Catalogne, sont des priorités. Les deux instances convergent. Les morts et blessés sont catalans, espagnols hors Catalogne, italiens, portugais, français, allemands, et tant d’autres. Surtout, le lien entre Catalans et Espagnols hors Catalogne est devenu plus évident. Les deux instances gouvernementales ont fonctionné de concert, avec le volet catalan nettement dans le rôle prioritaire.

Vive les Mossos d’Esquadra

Car le gouvernement catalan a impeccablement mené la répression de la cellule terroriste de Younès Abouyaaqoub. La police autonome catalane, Els Mossos d’Esquadra, a été d’une efficacité remarquée. Réminiscence d’un corps né au 18e siècle, les Mossos sont un genre de gendarmerie sur la totalité du territoire de la Généralité de Catalogne. Depuis le milieu des années 2000, la Guardia Civil et la Policía Nacional n’ont plus de présence. Il y a les Mossos d’Esquadra et les polices urbaines, et rien d’autre. Sauf les services secrets espagnols, le CNI, Centro Nacional de Inteligencia. Plus tard dans le processus, la justice, qui elle reste totalement espagnole nationale et unitaire, prendra le relais. Toujours est-il que les Catalans ont une réputation de sérieux, de modestie, et d’entêtement, et voilà que leur police régionale l’a confirmé. Les Mossos ont abattu les terroristes chaque fois que c’était possible. À Cambrils, un seul Mosso abattit quatre terroristes en quelques secondes.

Mariano Rajoy félicite les institutions catalanes

C’était si impressionnant que le premier ministre espagnol Mariano Rajoy a Tweeté ses félicitations aux Mossos. Mais il ne les commande pas. Et Rajoy ne peut souffrir l’idée d’un référendum sur l’indépendance en Catalogne. Pourtant le référendum, légalement contesté par Rajoy et la justice nationale, est programmé pour le 1er octobre. Le président de la Généralité de Catalogne (ainsi s’appelle l’instance subnationale qui exerce les fonctions subnationales en Catalogne, c’est-à-dire que la Generalitat est le nom du quasi-État catalan) Carles Puigdemont veut ce référendum, et veut la séparation d’avec l’Espagne. Pourtant, tout au long du drame de Catalogne, on pouvait lire des Tweets incessants sur la solidarité de tous les Espagnols pour Barcelone. No Tenim Por, le slogan catalan pour “Nous n’avons pas peur”, serait en train de passer dans le langage de toute l’Espagne. Le roi Felipe VI lui-même à dit que toute l’Espagne est la Catalogne.

Ni le roi, ni le premier ministre espagnol, n’ont omis de se montrer à Barcelone. Puigdemont a eu l’élégance de les y accueillir, et de se tenir à leurs côtés pour les minutes de silence, et pour une réunion formelle de sécurité avec Rajoy. Ce même Puigdemont accorde des interviews à la radio nationale espagnole, en castillan. Il a même critiqué les ultra-nationalistes catalans de vouloir boycotté certaines cérémonies pan-espagnoles.

Des Catalans efficaces, mais assimilés à des Espagnols par le monde extérieur

C’est comme si le djihadisme avait rappelé aux gens les plus raisonnables de Catalogne que pour les terroristes, la Catalogne, l’Espagne, la France, la Belgique, l’Angleterre, l’Allemagne, ne font qu’un. Le mythe des Catalans antimilitaristes, distants des guerres néocoloniales et néo-impérialistes, partisans du dialogue partout, a pris un sérieux coup. La Catalogne est la région ayant accueilli le plus haut pourcentage d’immigrés maghrébins comparé aux autres régions d’Espagne où les Sud-Américains sont plus nombreux. Les djihadistes ont frappé l’Espagne, non pas la Catalogne. Le monde extérieur, des États-Unis à la Chine, place Barcelone en Espagne.

Et les Espagnols raisonnables hors Catalogne ont sans doute réfléchi au fait que les Catalans étaient de dignes compatriotes qu’il fallait flatter un minimum pour éviter le divorce. Les Catalans de tout poil veulent le droit d’avoir un référendum; nombre de Catalans veulent un référendum, que Rajoy le veuille ou non, afin de voter éventuellement contre l’indépendance! La nouveauté actuelle réside dans l’attraction immense que les Espagnols ont démontré à leurs compatriotes de Catalogne. Il y aurait de quoi refroidir quelques ardeurs indépendantistes.